Les aidants aussi ont besoin de vacances : comment souffler sans culpabiliser ?
Chaque année, des millions de Français assurent au quotidien le soutien d’un proche âgé, malade ou en situation de handicap. Ce rôle d’aidant familial, souvent assumé dans l’ombre, demande une implication physique et émotionnelle importante. Et lorsque l’été arrive, une question se pose : comment s’autoriser à prendre des vacances sans se sentir coupable ?
Entre fatigue accumulée, peur de l’abandon, manque d’informations sur les solutions de relais et culpabilité, beaucoup d’aidants renoncent à leur propre besoin de repos. Pourtant, souffler est essentiel – pour soi, mais aussi pour continuer à accompagner son proche sur la durée.
Dans cet article, nous faisons le point sur les solutions concrètes qui permettent de partir en vacances sans culpabiliser, tout en assurant la continuité de l’accompagnement. Nous vous donnons également des clés pour déculpabiliser, des ressources utiles, et des conseils pratiques pour mieux vivre ce temps de pause.

Être aidant : un engagement quotidien souvent invisible
Selon la dernière enquête de la DREES, on compte plus de 9 millions d’aidants en France. Ils sont enfants, conjoints, voisins, parfois même amis. Leur rôle ? Accompagner un proche dépendant dans les gestes du quotidien : courses, repas, toilette, rendez-vous médicaux, tâches administratives…
Un engagement qui, s’il est souvent naturel et affectif, peut devenir épuisant à la longue. En particulier quand il s’étale sur plusieurs années sans interruption.
Beaucoup d’aidants ne prennent jamais de congés, de peur de laisser leur proche seul, ou parce qu’ils ignorent qu’ils ont droit à du répit. Or, l’accumulation de stress et de fatigue peut entraîner des troubles du sommeil, de l’anxiété, une perte de motivation, voire un burn-out.
Pourquoi il est essentiel de souffler
- Pour préserver sa santé physique et mentale
Un aidant fatigué est un aidant fragilisé. Il devient plus vulnérable au stress, aux maladies, à la déprime. Prendre quelques jours de repos permet de récupérer, de se recentrer, et d’éviter l’épuisement.
- Pour maintenir un équilibre sur le long terme
S’autoriser à prendre du recul évite que l’aide ne devienne une contrainte. C’est un moyen de préserver l’équilibre entre vie personnelle, professionnelle et rôle d’aidant.
- Parce que le droit au répit existe
Depuis la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement (ASV, 2015), les aidants ont droit à des dispositifs de soutien temporaire. Malheureusement, ces solutions restent encore peu connues.
Partir en vacances sans culpabiliser : quelles solutions existent ?
Heureusement, plusieurs dispositifs de relais et d’accompagnement temporaire permettent aux aidants de partir en toute sérénité.

1. Le baluchonnage : une solution humaine et rassurante
Inspiré du Québec, le baluchonnage permet à un professionnel de venir vivre au domicile de la personne aidée pendant plusieurs jours, remplaçant temporairement l’aidant.
En France, l’initiative France Baluchon développe cette solution sur certains territoires. Le baluchonneur prend le relais dans le respect des habitudes de la personne, ce qui évite un changement d’environnement souvent mal vécu par les personnes âgées ou désorientées.
Avantages :
- Pas de déménagement pour la personne aidée
- Continuation des routines
- Tranquillité d’esprit pour l’aidant
2. Les accueils temporaires en établissement
Beaucoup d’EHPAD ou de structures médicalisées proposent des hébergements temporaires (de quelques jours à quelques semaines).
C’est une solution idéale lorsque la personne aidée a besoin d’une surveillance constante ou de soins médicaux spécifiques. Certaines maisons de retraite accueillent même des personnes pour des courts séjours estivaux.
Conseil : réservez le plus tôt possible, car les places sont souvent limitées en période estivale.
3. Le relais à domicile par un service d’aide
Il est possible de faire intervenir une aide à domicile professionnelle pendant votre absence : aide au lever, repas, surveillance, compagnie…
Certaines structures (comme les SAAD ou les SSIAD) proposent des prestations ponctuelles et personnalisées. L’intervention peut aussi être prise en charge en partie par l’APA ou la PCH.
4. Faire appel à l’entourage et aux réseaux de solidarité
Ne pas hésiter à solliciter :
- les membres de la famille
- les amis proches
- les voisins de confiance
Même pour quelques heures dans la journée, cela peut faire toute la différence.
Des plateformes comme Bulle d’Air, Répit.fr ou des associations locales mettent également en relation les aidants avec des intervenants de confiance.

Culpabilité de l’aidant : comment l’apprivoiser ?
La culpabilité est une émotion fréquente chez les aidants, surtout lorsqu’il s’agit de penser à soi. Pourtant, il est possible d’agir dessus.
- 1. Repenser le mot “abandon”
Prendre du temps pour soi n’est pas un abandon, mais une pause nécessaire. Un aidant en forme est plus disponible, plus efficace, plus aimant.
- 2. En parler avec son proche aidé
Souvent, la personne aidée comprend le besoin de repos. Parler ouvertement, avec bienveillance, peut apaiser les tensions et lever les doutes.
- 3. Préparer les choses à l’avance
Anticiper les démarches, expliquer le fonctionnement au remplaçant, laisser des consignes écrites… Cela rassure tout le monde et permet de partir plus léger.
- 4. Se faire accompagner psychologiquement si besoin
Certaines plateformes proposent un soutien psychologique aux aidants (comme l’Association Française des Aidants). Cela peut être précieux pour poser des mots et prendre du recul.
Ressources utiles pour organiser votre séjour :
- France Baluchon : https://www.francebaluchon.fr
- Association Française des Aidants : www.aidants.fr
- Plateforme Répit.fr : mise en relation avec des solutions locales
- CAF / CARSAT / MDPH : aides financières possibles
- Plateforme téléphonique “Allo Aidants” : 01 84 72 94 72 (écoute et orientation)
En résumé : partir, c’est tenir
Prendre des vacances quand on est aidant n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Cela demande un peu d’organisation, parfois du courage, mais surtout une reconnaissance de ses propres besoins.
Vous avez le droit de souffler. Vous avez le droit de penser à vous. Et vous pouvez le faire sans culpabiliser, car prendre soin de vous, c’est aussi prendre soin de votre proche.
Et vous, avez-vous déjà osé prendre quelques jours de répit ? Comment avez-vous organisé votre absence ?
Partagez votre expérience en commentaire pour aider d’autres aidants à franchir le pas.